En lien avec les valeurs défendues par le CRI’J, ce projet cherche à promouvoir, au sein de la communauté scientifique et également des milieux de terrain, les approches centrées sur les forces des mineurs en conflit avec la loi, que ce soit autour des missions d’évaluation que des missions d’intervention.
Concrètement, à l’instar de Nissen (2006, p.41) et d’autres, « les approches basées sur les forces se concentrent sur les attributs positifs et les capacités sous-exploitées des personnes (ici principalement ceux en conflit avec la loi), des familles et même des communautés, qui sont compromises dans leurs développement et plein potentiel et/ou qui recherchent de l’aide pour des problèmes. Apparue comme une alternative aux approches exclusivement axées sur les « problèmes » ou les « déficits », l’approche fondée sur les forces est un contre-pied aux effets de l’étiquetage négatif ».
Un point d’attention est également porté à la participation des jeunes en conflit avec loi au sein d’activités de recherche.
Mathys, C. (2021). Le trajet éducatif du mineur poursuivi d’un fait qualifié infraction en Communauté Française : enjeux autour de l’évaluation et de l’intervention. Journal du Droit des jeunes, 409, 6-13.
Ce projet examine les qualités psychométriques de l’instrument ERiFoRE, qui évalue le risque de récidive des jeunes en conflit avec la loi en prenant en compte tant leurs facteurs de risque que leurs forces et ce, sur un même pied d’égalité.
Pour examiner la fidélité (sous-objectif 1 ; la cohérence dans la cotation des items et indicateurs d’ERiFoRe) ainsi que la validité prédictive (sous-objectif 2 ; l’impact sur la variable de récidive) et incrémentale (sous-objectif 2 ; la plus-value associée à l’ajout des forces, une analyse de dossiers de mineurs en conflit avec la loi et placés en sevor (services d’évaluation et d’orientation) sera menée en parallèle des mesures existantes sur la récidive officielle (statistiques de parquet).
En ce qui concerne la validité sociale et apparente (sous-objectif 3 ; la perception que les utilisateur.trice.s ont d’ERiFoRe et leurs expériences avec l’outil), des entretiens semi-structurés seront réalisés auprès des intervenant.e.s de terrain qui utilisent ERiFoRe.
Au niveau scientifique, il est souvent mis en évidence le manque de données empiriques permettant de démontrer l’efficacité des pratiques fondées sur les forces.
Ce projet s’intègre dans cette démarche progressiste en validant un outil d’évaluation qui intègre les facteurs de risque et les forces.
Ce processus de validation scientifique et complète d’ERiFoRE permettra aux clinicien.ne.s mais aussi aux chercheur.euse.s d’avoir à disposition un outil d’évaluation qui présente une meilleure validation prédictive c’est-à-dire plus réaliste en correspondant davantage à la situation des mineur.e.s.
Ce résultat pourra contribuer à diminuer le recours à la dérogation clinique par rapport à ce type d’outil, qui participe à diminuer sa fidélité.
Par ailleurs, au travers d’ERiFoRe, ce projet de recherche bénéficie d’un rayonnement international par son implantation au Québec auprès de délégué.e.s à la jeunesse (collaboration avec la prof. G. Parent de l’UQO). Dans ce contexte, l’évaluation structurée des forces est uniquement développée au travers de S/SAY (strengths structured assessment of youth).
Mathys, C., Brassine, N., & Parent, G. (soumis). The Strengths/Structured Assessment for Youth (S/SAY) : A case study about of risks and strengths evaluation for justice-involved youths. Children and Youth Services Review.
Brassine, N., & Mathys, C. (2022). ERiFoRe : Quand les facteurs de risque et les forces des jeunes contrevenants se rencontrent au sein d’un même outil d’évaluation du risque de récidive. Revue de Criminologie et Police technique et Scientifique, 3, 370-381.
doctorante en criminologie (bourse FRESH du FRS-FNRS)
Ce projet examine les recommandations scientifiques quant aux interventions avec des mineurs en conflit avec la loi, dont en contexte de placement, et questionne leur pertinence d’un point de vue clinique.
Une récolte de données (qualitatives sous forme d’interview auprès de professionnels et quantitatives quant à l’ouverture au changement) en lien avec le développement du Good Lives Model en milieux de placement (IPPJ) pour jeunes en conflit avec la loi est actuellement en cours.
Mathys, C., Gangi, O., Henrard, N., & Tielemans, S. (en rédaction). Implementation of the GLM in juvenile detentions centers: a case study to understand the keys to work with GLM in collectivity. Journal of Forensic Psychology Research and Practice.
Mathys, C. (sous presse). Comment pouvons-nous aider les jeunes ayant des comportements délinquants ? Apports de la clinique et des stratégies basées sur les preuves. In N. Fontaine (Ed). La Criminologie Développementale. Presses de l’Université de Montréal.
Mathys, C., N’Zi, M.,& Brassine, N., (2023). Comment tenir compte de la motivation à la prise en charge en milieux de placement ? Réflexions théoriques et opérationnalisation auprès d’une clientèle de mineurs en conflit avec la loi? Revue de Psychoéducation, 52, 349-378.
Mathys, C. (2017). Effective components of interventions in juvenile justice settings: How to take care of delinquent youths? Children and Youth Services Review, 73, 319-327.
Grégoire, J., & Mathys, C. (2015). Evaluation des interventions réalisées auprès de mineurs délinquants placés: Utopie ou urgence? Journal du Droit des Jeunes, 343, 9-18.
Decoq, M., Henry, F., Mathys, C., Parthoens, C., & Schoonbroodt, E. (2012). L’impro un projet de réadaptation pour des jeunes en difficulté ? Détails d’une expérience pilote en partenariat avec les services privés et publics. Journal du Droit des Jeunes, 312, 26-31.
Mathys, C., & Born, M. (2009). L’intervention auprès d’adolescents délinquants: Une douce utopie? Journal du Droit des Jeunes, 288, 7-13.
Ce projet explore les liens entre les processus narratifs, les stratégies de régulation que développent les jeunes en conflit avec la loi et placés ainsi que les représentations qu’ils peuvent avoir d’eux-même.
Plus spécifiquement, les processus narratifs sont pensés, au départ des travaux de Dan McAdams, comme la façon de se raconter et d’obtenir du soutien lors du partage d’événements de vie significatifs.
Il est anticipé que la façon dont se mettent en place ces processus narratifs et les formes qu’ils prennent seront reliées aux stratégies de régulation que les jeunes manifestent pour gérer leur quotidien et à l’écart perçu entre ce qu’ils sont aujourd’hui et ce qu’ils voudraient devenir.
Par exemple, des processus narratifs axés sur l’intégration et la mise en sens d’une expérience de vie est envisagée comme étant davantage associée à des stratégies de régulation axées sur la gestion des problèmes et des émotions (plutôt que l’évitement) et un écart réduit entre comment le jeune se représente aujourd’hui et dans le futur.
Des données qualitatives sont actuellement en cours de collecte auprès d’une cinquantaine de jeunes, filles et garçons, en conflit avec la loi et placés.
Le désistement, au départ des travaux de Shadd Maruna, et plus récemment de Deirdre Healy, est de plus en plus mobilisé dans le champ de la criminologie, en parallèle ou comme alternative au paradigme de la récidive.
Toutefois, à l’adolescence, parler de désistement confronte rapidement à un paradoxe ; moment où les conduites déviantes et délinquantes sont les plus nombreuses.
Aussi, ce projet souhaite explorer ce qui pourrait favoriser le désistement, notamment des soutiens reçus, formels et informels et la façon dont ils interviennent sur les typologies narratives.
La narration de soi, et les processus narratifs sous-jacents, nous semblent revêtir des implications importantes pour les professionnels prenant en charge des jeunes en conflit avec la loi et placés, notamment quant au développementaire identitaire en général, et au soutien d’identités alternatives en particulier.
Mathys, C., N’Zi, M., Fouquet, E., & Fontaine, N., (soumis). Analyse des profils de changement auprès d’une population de jeunes contrevenants belges en suivi pénal. Revue Jeunes et Société.
doctorante en criminologie, co-tutelle UMontréal, financement Pacodel
Ce projet s’intéresse aux points de vue et perceptions de jeunes en conflit avec la loi et placés quant à leur participation à une activité de recherche.
Concrètement, ce projet propose quelques recommandations sur la façon de présenter un projet de recherche tout en veillant à l’intégrité en tant que participant vulnérable (mineur et contexte de placement). Ce projet aborde également les motivations des jeunes à participer à une activité de recherche.
Damit, C. Nzi, M., & Mathys, C. (2022). Recommandations pour la participation à des activités de recherche de jeunes en conflit avec la loi et placés. Documents pédagogiques, partie 1 et 2, ULiège.
Grégoire, J., & Mathys, C (2021). Self-Reported Delinquency surveys and juveniles in custody: Qualitative research on motivations issues. European Journal on Criminal Policy and Research. Doi : 10.1007/s10610-021-09494-3